ANTILOPE FESTIVAL / LA CHAUX DE FONDS - SUISSE

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pratiques artistiques, lien social et santé mentale

pratiques artistiques, lien social et santé mentale

 

La réflexion de la psychologie sociale contemporaine parle d’une tendance généralisée à la disparition des névroses parmi les pathologies traitées dans les institutions publiques de santé mentale. Les névroses expriment d’une certaine manière l’existence pour la vie psychique des repères d’autorité (le surmoi) qui cadrent l’individu et rendent possible la vie en société.

Ces repères permettent la construction des « appuis » psychiques et physiques de l’individu dès la petite enfance et participent à la dynamique des mécanismes de défense et de négociation que chacun de nous entretient avec le monde réel. Ces repères génèrent nos conduites de langage, verbal et non verbal, nos rapports aux protocoles de comportement en société, notre rapport intrapsychique au corps, à son hygiène, au soin diététique, à la sexualité, aux modes vestimentaires, et bien entendu à notre environnement proche, c’est à dire à notre lieu d’habitation. Selon la littérature scientifique, la disparition des névroses se ferait au profit des pathologies de troubles de la personnalité et des états limites, ayant comme principale caractéristique un effacement des contours de la vie sociale.

 

Avec l’industrialisation, le travail producteur d’argent devient la condition quasiment essentielle pour qu’un individu puisse être reconnu et intégré dans la société, entraînant une répartition de sa vie entre temps de travail et temps libre. C’est dans ce temps libre que les pratiques dites artistiques ont toujours trouvé leur place. La danse, la musique, la peinture, la poésie, le chant, mais aussi toute les pratiques dites artisanales (broderie, vannerie, tissage, décoration, menuiserie, etc.) avant de devenir des professions artistiques et des offices artisanaux, étaient à l’origine des occupations de l’esprit et des mains, des simples pratiques d’amateurs (au sens noble du terme, c’est à dire des pratiques de personnes qui aimaient ce qu’elles faisaient) insérés dans la vie courante pour récréer l’esprit, pour vivre justement dans la société des autres en partageant - confrontant - ses pensées, ses goûts, ses idées tout en prenant du temps dans la compagnie des autres. Chanter et danser ensemble chassait la solitude ; peindre, sculpter, jouer d’un instrument, soulageait l’esprit des problèmes de la vie quotidienne ; tisser, broder, décorer, permettait de s’approprier le monde environnant en y déposant sa marque personnelle avec du sens esthétique, créant une identité propre à sa culture à travers les objets du quotidien, donnant du sens d’appartenir, en constant lien avec les autres.

 

Aujourd’hui, le temps libre s’écoule très souvent devant un ordinateur ou un écran de télévision, en solitaire, dans ses pensées, en communication virtuelle, désincarnée… Quel effet produit la disparition des pratiques artistiques sur le corps social ? Leur abandon est-il à rattacher avec la perte des repères, avec la difficulté à vivre les limites nécessaires à la vie sociale ? La professionnalisation et l’institutionnalisation de l’expression humaine a-t-elle à voir avec quelque malaise dans la civilisation, dans l’art et la culture dont parle la sociologie contemporaine ?

 

Un corps qui danse est un corps heureux. Par-delà l’effort musculaire, bien en deçà de l’influx nerveux qui passe du cerveau à la peau et aux os, interconnecté aux autres, relié au Grand Tout par une même énergie qui procède des forces telluriques de l’univers, le corps de l’humain en mouvement ne cesse de dire cette merveilleuse histoire depuis les ténèbres des temps: je suis là et je vis.

R.R/J-C P. 

objets-fax 2011



11/04/2011
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